PresqueL'histoire d'une renaissance
«Au fond d’elle, Yto était dans une phase qu’elle voulait prolonger, un moment qu’elle a toujours apprécié. Elle voulait donc en savourer la moindre fraction de seconde, histoire
de faire durer le plaisir, comme quand elle a un bout de chocolat en bouche et qu’elle le fait fondre lentement pour retarder au maximum ce moment où elle devra l’avaler.
Ils étaient en train de faire connaissance, et c’est un petit laps de temps où tout est encore possible, un moment qui a un arrière-goût de liberté, suspendu dans le temps, détaché de la réalité de la vie et du quotidien, surtout quand il est partagé avec des personnes totalement étrangères, des personnes qui n’ont absolument aucun préjugé, aucune information, aucun lien avec sa vie antérieure, une sorte de page blanche qui leur appartient d’écrire, ou pas, c’est à eux de choisir les portes à ouvrir, ils ont le droit de décider de les laisser closes.
C’est un moment très précieux pour Yto, car il lui donnait l’impression d’avoir une nouvelle chance, une occasion de se montrer sous son plus beau jour, de vaincre sa maladresse légendaire, de se prouver qu’elle a évolué en termes de rapports humains, qu’elle n’est plus ce GIG qui est dans son élément devant une machine et complètement désarmé face à ses congénères. Plus petite, elle utilisait ce genre de rencontres éphémères pour s’inventer une vie, pour se vêtir d’un autre profil, pour jouer un rôle, c’était sa façon d’être,
le temps d’une rencontre, le personnage qu’elle rêvait de devenir. C’est ainsi qu’elle s’amusait à adopter des tics, elle changeait la façon de parler, ça lui est même arrivé de prendre carrément un accent, une gestuelle, et voilà qu’elle se sentait en vacances, en congé de sa propre personnalité, une retraite d’elle-même.»
Une femme dans un avion. Voilà commence le premier roman de la réalisatrice et militante des droits des femmes, Khaoula Assebab Benomar. L’autrice tire le fil de ce début pour nous raconter l’histoire d’une vie ; celle d’une libération qui n’exclut ni questionnements, ni doutes.
C’est l’histoire de l’affranchissement d’une femme qui se libère de ses chaînes au prétexte d’un voyage sans destination.
Une seconde vie, un second souffle, une renaissance ; autrement dit, la preuve que l’on peut continuer à vivre et revivre jusqu’au bout.
Presque est un récit de féminismes assumés où la principale protagoniste n’hésite pas à prendre du recul et se remet en question à chaque page. Une sorte de catharsis permettant de reconnaître sa propre responsabilité avant de juger autrui.
Et de reproches, il n’en est pas question puisqu’il s’agit plus d’un état des lieux que d’un condensé de jugements ou qu’un écrit de victimisation.
Presque est un récit où les personnages principaux ne sont qu’un simple moyen de transport de tant d’idées, vitales aujourd’hui pour la survie de notre société.
Finalement, cela aurait pu être une autre temporalité, d’autres parcours, une autre narration. Les messages, les coups de gueule, les analyses et les prises de conscience auront été les mêmes… Ou presque !
Auteure
Khaoula Assebab Benomar, née en 1982 à Rabat, fille d’un pionnier de la fiction télévisée au Maroc, est cinéaste, journaliste, réalisatrice et militante des droits des femmes. Elle travaille à la télévision marocaine où elle enchaîne les réalisations de tous genres (documentaires, émissions, spectacles…). En 2016, elle finalise son long-métrage Le clair obscur, primé dans plusieurs festivals de cinéma à travers le monde.
Auteur(s) | Assebab Benomar, Khaoula |
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Maison d'édition | La Croisée des Chemins |
Année | 2023 |
Genre(s) | Roman |
Taille | 13 x 19 cm |
Format | Papier |
Nb. de pages | 156 |
Langue | Français |
Prix | 85 dhs / 18 € |
ISBN | 978-9920-753-89-0 |