Club de lecture les insolites – Rencontre autour des livres de Yasmine Chami
Dans sa chair (Babel, 2023)
Médée et Ismaïl se sont aimés. Mais un jour, dans un aéroport, Ismaïl a disparu, pour ne pas revenir. Laissant Médée à la sidération, au silence et à la perte. “Médée chérie” écrivait les instants qui ont suivi, dans une chambre d’hôtel attenant à l’aéroport, pendant lesquels Médée tentait de circonscrire la douleur.
Mais ce n’est pas tout. Avec “Dans sa chair”, Yasmine Chami remet l’objet de son livre sur le métier et retourne le point d’ancrage de son sujet. Elle se saisit alors des nuances de l’histoire d’Ismaïl, celui qui ce jour-là a trahi de la plus impensable des façons. Et, dans une langue somptueuse, elle parvient à transformer le regard sur l’homme qui part.
Avec une acuité remarquable, le diptyque que forment “Médée chérie” et “Dans sa chair” interroge les enjeux du désir et de la liberté, la puissance que nous avons d’être des femmes et des hommes, ensemble.
Médée chérie (Babel, 2022)
Dans un aéroport, une femme attend : son époux s’est absenté un instant. Ismaïl est chirurgien, Médée est sculpteuse. En escale à Paris, ils partent pour Sydney, mais l’embarquement de leur vol vient d’être clôturé, Ismaïl ne reviendra pas, et Médée se fige.
Mariée depuis vingt-cinq ans, Médée n’a cessé de célébrer leur couple, comblée par la naissance de ses enfants, assumant sa vie de mère et l’édification d’une œuvre remarquable, elle ne pouvait pas imaginer une telle chute. Immobile, elle va circonscrire le sas où l’a placée la violence de l’abandon, et s’installer dans une chambre de l’hôtel attenant à l’aéroport.
Sur un fil, funambule, Médée s’apprête à traverser le miroir. Car plus fortes que son corps dévasté, que ses sombres pensées, ses mains vont se saisir encore une fois de la dramaturgie humaine, d’une boule de terre extraire le geste, la trahison, et dès lors les comprendre. Ainsi apparaît la puissance d’une femme, sa résilience, et l’échappée absolue que va lui offrir son art.
