Lecture théâtrale par Sophia Hadi du texte de Rita El Hayat « Le désenchantement »
La lecture sera suivie de la rencontre avec l’auteure
L’histoire de ces textes et de leur contradiction ou réaffirmation est simple. Elle est l’émanation d’une terrible douleur qui affecte l’auteure et a changé jusqu’à ses modes d’écritures.
Ces textes sont des découpures dans la douleur sans cesse envahissante, intraitable et odieuse. Ils raconteront par bouffées et par révoltes ce que sont la vie, la mort, la beauté, la jeunesse, les pleurs, la consolation, la séparation. Toutes choses organisant la vie. Mais surtout la mort.
L’agonie commence dès la naissance car le terme de toute vie c’est la mort et elle éclot entre mélancolie, agoniste, et pourrait s’appeler l’agovie, son antagoniste étant le principe de néant. Celui auquel nous retournons et duquel nous provenons ; qui se souvient de ce qui fût ? Mais surtout qui a rapporté de l’au-delà un mot-de-vie ? L’effarement réside dans la chose dite et son contraire. Éros a fini son règne. S’est étendu celui de thanatos, sec et noir.
Rita El Khayat est médecin psychiatre, psychanalyste, journaliste et femme de lettres. Elle est membre du Conseil d’administration du Festival International du Film de Marrakech et Présidente du Fonds d’aide pour le Cinéma en 2011. Ses essais sur le Maghreb des femmes ont largement contribué à une réflexion féministe, quête qu’elle poursuit également dans son univers romanesque. Elle a publié plus d’une trentaine d’ouvrages, romans, essais, poésie, beau-livres.
De son profil de psychiatre psychanalyste et anthropologue, diplômée des universités de Paris dans toutes ces disciplines, Rita El Khayat s’est taillée de nombreux outils pour disséquer les comportements sociaux. Cette femme hors du commun disserte sur tout : les barrières linguistiques, le patrimoine culturel social dont elle fait son fer de lance, notamment dans « Le livre des prénoms ». Son champ d’investigation s’étend sur tout le Maghreb et le monde arabe, pays contigus et aux similitudes indéniables…
Parmi ses publications :
Le Monde Arabe au Féminin, Paris : L’Harmattan 1985, 1986, 1988, 2001
Le Maghreb des Femmes, Casablanca 1992, Marsam 2001
Le Somptueux Maroc des Femmes, Ed. Dedico-Salé 1994, Marsam 2002, Rome : Ed. Caselvecchi avril 2006
Une Psychiatrie moderne pour le Maghreb, Paris : L’Harmattan 1994
Les Sept Jardins, nouvelles, Paris : L’Harmattan 1995, collection « Écritures arabes ».
Sophia Hadi fait partie des rares comédiennes du sud de la Méditerranée dotée d’une discrétion humaine confondante dans la vie, et d’une aura artistique impressionnante sur scène.
Extrait du récit « Le désenfantement »:
“Je suis cassée. Cela s’est passé sur ma colonne vertébrale à hauteur d’Atlas mais même Axis a pris un sale coup. Ils disent que je suis tétraplégique. Aucun de mes membres ne bouge ni ne s’étire plus. Plus personne jamais ne réchauffera le froid de l’immobilité envahissant mes os un par un de haut en bas.”
Création sonore et musique : Réda Zniber