Latifa Moftaqir – Direction du Livre, des Bibliothèques et des Archives

Forte de son expérience dans le secteur du livre, Latifa Moftaqir est aujourd’hui à la tête de la direction du Livre, des Bibliothèques et des Archives, au sein du ministère de la Culture. Ses responsabilités sont multiples, et son énergie à la mesure de la tâche incombée. Alors que la crise sanitaire cause de gros dégâts économiques, avec des acteurs du livre fortement impactés, le dynamisme de madame Moftaqir apporte de l’espoir.

Quel est votre parcours académique ?

Latifa Moftaqir : Mon parcours académique est pluridisciplinaire. Je suis titulaire d’un mastère en management public de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (groupe ISCAE). Je suis aussi titulaire de deux diplômes d’études supérieures en aménagement et urbanisme, et en sciences de l’archéologie et du patrimoine.

Comment êtes-vous arrivée à la tête de la direction du Livre, des Bibliothèques et des Archives ?

Latifa Moftaqir :  Suite à mes études, j’ai intégré le Ministère de la Culture où j’y travaille depuis 25 ans. Dans les postes que j’ai occupé, j’ai traité des dossiers en lien avec le domaine du livre. En tant que chef de service de la coopération internationale à la Division de la coopération nous étions en charge du suivi du programme du Fonds de Solidarité Prioritaire (FSP) qui était piloté par la direction du Livre.  Un programme de coopération grâce auquel neuf médiathèques et près de quarante points de lecture satellites ont été mis en place. Par la suite, j’ai été désignée comme directrice régionale pour la région de Rabat-Salé-Kenitra. Nous avions parmi nos missions l’organisation d’événements autour du livre notamment le Salon régional du livre qui est organisé annuellement. Nous avons également lancé dans le cadre du programme Rabat ville lumière un programme de mise à niveau des bibliothèques de la ville de Rabat.

Pouvez-vous nous décrire les missions de la direction du Livre, des Bibliothèques et des Archives ?

Latifa Moftaqir :  Elle a pour mission essentielle d’élaborer toutes les mesures qui tendent à la promotion du livre, sa diffusion, sa commercialisation, et également de soutenir et de développer le réseau des bibliothèques, par des constructions nouvelles, ou des remises à niveau des bâtiments ou équipements. La direction présente annuellement des suggestions pour l’élaboration d’une politique globale de la promotion du livre.

Dans le détail, comment soutenez-vous les acteurs du livre ?

Latifa Moftaqir :  Pour soutenir les acteurs dans le domaine du livre, le Ministère de la Culture a mis en place en 2014 un programme de soutien à l’édition et au livre pour lequel il consacre annuellement une enveloppe de près de 10 millions de dirhams.

Par ailleurs et dans le but de promouvoir le livre, nous organisons des salons du livre de portée national et internationale. Nous veillons aussi à être présent dans toutes les manifestations culturelles qui permettent de faire rayonner le livre marocain aussi bien au Maroc qu’à l’étranger.

Nous avons aussi un vaste programme de soutien au développement de la création littéraire à travers l’organisation annuelle du Prix du Maroc du livre.  

Comment sensibilisez-vous à la lecture, de façon générale ?

Latifa Moftaqir : Nos bibliothèques publiques font des programmes d’animation et de sensibilisation à la lecture  (ateliers, rencontres, concours de lecture). Nous accordons également dans le cadre du programme de soutien à l’édition et au livre une aide au profit des associations qui mènent des actions de sensibilisation autour du de la lecture.

Est-ce qu’il existe des partenariats au niveau national, et international ?

Latifa Moftaqir :  Nous tenons à impliquer les partenaires locaux et régionaux dans la politique de lecture publique. 90% de l’infrastructure existe grâce aux partenariats avec les collectivités locales. Au niveau international, nous faisons appel à la coopération internationale, soit pour améliorer davantage le mode de gestion du secteur du livre, comme c’est le cas avec l’Institut Français du Maroc (IFM), soit pour s’inspirer des expériences réussies dans le domaine de l’édition et du livre.

Quels sont les grands événements à venir ?

Latifa Moftaqir :  Le ministère de la Culture organise le Salon International de l’Édition et du Livre (SIEL) à Casablanca, et également douze salons régionaux du livre. Etant donné le contexte sanitaire actuel, nous ne pouvons pour le moment nous projeter sur un événement en présentiel.

Qu’en est-il du secteur du livre au Maroc ?

Latifa Moftaqir :  Il s’agit d’un secteur très jeune et en croissance, qui a débuté dans les années 1980. Je reste optimiste quant aux perspectives de développement, car on assiste à une augmentation de la production, à l’émergence de nouvelles maisons d’édition. C’est un secteur qui a besoin de se professionnaliser et de se structurer davantage. C’est pour cela que nous avons mis en place un programme de soutien à l’Édition et au Livre en 2014, qui soutient les auteurs marocains, les professionnels du livre, les associations. Il a pour ambition de faire du secteur du livre une véritable industrie culturelle.

Qu’en est-il de la copie du livre au Maroc ?

Latifa Moftaqir :  Il faut vraiment qu’il y ait un contrôle et des mesures répressives strictes, car le piratage ne rend service à personne, ni à l’auteur, ni à l’éditeur, ni aux libraires, ni à l’État. Il faut sensibiliser les jeunes à lire et à acheter les livres dans les librairies.   

Quel est le dernier livre que vous avez lu ?

Latifa Moftaqir :  Le dernier livre est celui de Mahi Binebine La rue du pardon. Actuellement je lis Eclat d’enfance, de Driss Jaydane. J’ai toujours eu une relation très particulière avec le livre, le soir c’est mon petit moment d’apaisement et d’évasion. Je lis des romans surtout. Au fil du temps, j’ai découvert des auteurs marocains vraiment intéressants.

Propos recueillis par la Maison du livre – Février 2021